Wednesday, January 24, 2007

Le juste

Ce weekend a eu lieu une cérémonie importante à Paris, présidée par Jacques Chirac : le Panthéon s’est ouvert pour ceux et celles, Justes, qui durant la seconde guerre mondiale avaient pris le risque de cacher des Juifs, alors que la France vichyste faisait le jeu de l’occupation et de son programme infâme. Dans son discours, le Président français a qualifié le négationnisme de la Shoah de crime. On ne peut que l’approuver… mais regretter l’insuffisance d’un propos à vocation pourtant universelle. C’est également le message de Serge Klarsfeld que l’on peut entendre dans la vidéo sur YouTube.

Serge Klarsfeld, fondateur de l’Association des Fils et Filles des Déportés Juifs de France, fait partie de ces personnalités, encore trop peu nombreuses, qui à partir de leur expérience individuelle et de leurs racines, vont au-devant d’autres expériences communes quoique nées sur un sol différent. Mercredi dernier, lors d’un meeting organisé par le Conseil de Coordinations des Arméniens de France, Serge Klarsfeld, Me Christian Charrière-Bournazel, représentant de la LICRA (Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme), et à leur côté le très médiatique Bernard-Henri Levy se sont tous exprimé en faveur de la loi sur la pénalisation du négationnisme du génocide arménien. Je ne reviendrai pas ici sur le contenu de leur argumentation, qui ne leur est pas spécifique, mais sur ce qui fait la richesse de leur point de vue. Ces trois hommes ont explicitement lié leur conviction sur la nécessité de cette loi au fruit de leur histoire familiale et/ou de leur réflexion professionnelle. Ils ont démontré une fois de plus que sur un sujet aussi sensible pour les Arméniens que celui du négationnisme, la mémoire et le travail fait autour du négationnisme de la Shoah est une perspective qui permet de mieux cerner les enjeux du délit. Les deux génocides ont leur spécificité bien sûr - comme aussi les génocides cambodgien et rwandais - mais les négationnismes ont aussi leur. Alors que la Shoah n’est contestée que par quelques affiliés de sectes révisionnistes, fous dangereux mais solitaires et traduisibles en justice, le génocide arménien est nié par l’Etat turc héritier du gouvernement Jeune turc responsable du crime, et nié avec tous les moyens d’un Etat puissant et influent, qui a fait de la négation un de ses chevaux de bataille, et produit des émules féroces dans de nombreux pays, de l’Union Européenne aux Etats-Unis. Pour eux point de peine. Pourtant, le négationnisme est un crime organisé qui nécessite une réponse irrévocable et sans ambiguïté ; et pour ses relais coupables, un juge, ayant en mains la loi lui permettant d’exercer son office.

2 comments:

Amos said...

Great post, and worthwhile event. You are right of course to point out the particularity not just of each genocide but also of each one's denial. However, I disagree with your assertion that "la Shoah n’est contestée que par quelques affiliés de sectes révisionnistes, fous dangereux mais solitaires et traduisibles en justice." This may be true in the West (though in the U.S. denial is protected by the 1st Amendment); it is hardly true in large parts of the Muslim world. Furthermore, the belief that Jews exploit the Shoah for political or economic gain - a notion that is often accompanied by denial - has a great deal of currency today.

Taline said...

You're right; I should have specified more clearly that the Shoah denial has nowhere a state financial and open sponsorship as large as it has in Turkey. Their is also a difference in perception, at least from the West in general, and from educated people all over the world: the difference is that when someone denies the existence of the holocaust he is perceived as "out of his mind"; whereas in the Armenian case, denial has been so systematic and so widely organized (by all people affiliated to Turkey's denialist stance around the world)that they are not automoatically cast out of the public scene; they maintain intolerable suspicions, doubts about the event.
The juridical tools that exist for example in France regarding the Shoah, make no difficulty in putting someone as Faurisson (or others)immediately where he belongs: that is outside the field of research about the Holocaust, excluded from it, plus morally tainted. The event is not split into two accounts, truth being somewhere in the middle.